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20 avril 2014 7 20 /04 /avril /2014 19:00

2nde partie 

par Charles-Eric de Saint Germain

 

De la version « néo-libérale » de l’égalité à l’égalitarisme socialo-marxiste

 

Si le libéralisme affirme l’égalité en droit de tous les hommes, il n’a jamais prétendu affirmer leur égalité de fait. La perspective libérale a toujours privilégié le principe de « l’égalité des chances », plutôt que celui de « l’égalisation matérielle des conditions ».

Pour les libéraux classiques, l’égalité des droits ou l’égalité devant la loi était le concept clé permettant de protéger l’individu comme sujet de droit : un sujet pour le droit et qui a des droits. L’égalité juridique ou formelle est une propriété commune à tous les êtres humains, du fait de leur humanité.

L’égalité ne se confond cependant pas avec l’identité ou la similarité. Le nouveau libéralisme va transformer cette conception juridique, formelle et statique de l’égalité, et le concept clé va devenir celui d’égalité des chances, c’est-à-dire d’égalité d’accès aux ressources, qui s’oppose à celui, défendu par le socialisme, d’égalité des ressources elles-mêmes.

L’égalité des chances est dérivée de la définition introduite par J-S. Mill de la liberté comme libre développement de soi. L’égalité des chances suppose donc que toutes les positions sociales, professionnelles, l’acquisition d’un statut, de la richesse, dépendent uniquement des talents en compétition, et soient ouvertes à tous ceux qui sont capables et désireux de faire des efforts pour y parvenir. Tous les obstacles liés aux circonstances sociales, sur lesquelles nous n’avons pas de pouvoir, doivent être levés pour permettre la valorisation du potentiel de chacun. L’injustice consiste dans les barrières sociales arbitraires et les discriminations qui empêchent la « libre concurrence » entre les talents. C’est un système méritocratique qui s’inspire de la métaphore du marché pour comprendre la justice et le rôle des politiques de redistribution : permettre une meilleure allocation des talents, pour augmenter la productivité de la société-entreprise.

La justice concerne ici le point de départ, et non le point d’arrivée : les inégalités qui résultent de cette libre concurrence des talents sont les résultats des choix dont chacun est responsable. L’échec est mérité. Si la société a fait tout ce qu’elle pouvait pour les individus, ceux-ci sont désormais responsables de leurs échecs ou de leurs succès. Nous serions entrés en méritocratie.

Qu’en est-il alors de la souffrance sociale ? Des conséquences de l’échec, mérité ou pas ? Le nouveau libéralisme répond au socialisme que la société ne peut rien dans ce cas puisqu’elle a tout fait en amont, en donnant ses chances à chacun. Ceux qui ont échoué et n’ont pas pu mettre en avant leur potentiel, malgré l’égalité des chances, sont alors l’objet non d’une injustice, mais de la malchance, contre laquelle ils peuvent s’assurer (systèmes d’assurances sociales) ou contre laquelle l’Etat, c’est-à-dire la collectivité, peut intervenir, non pas au titre de la justice, seulement de la solidarité ou de la charité. La lutte contre les inégalités doit ici s’attaquer aux privilèges sociaux, de la naissance et du capital transmis, et au contraire valoriser l’effort personnel, le travail, le courage, la force de caractère : c’est là le mythe libéral classique. Ainsi, pour le libéralisme, ses talents appartiennent à l’individu, qui peut en disposer librement, alors que, pour le socialisme, ils sont déterminés socialement et collectivement.

Cette étude réalisée par Charles-Eric de Saint Germain est publiée sur ce blog avec son accord et sous sa responsabilité.

Cette partie du blog dédiée à l'étude et la réflexion pourrait s'ouvrir pour d'autres auteurs à condition toutefois que le texte soit de qualité.

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